Journal dans le Haut Atlas de Anais venue en stage à Touda

J’ai quitté Marrakech depuis maintenant plus de 4h et je pénètre enfin dans la vallée qu’on nomme « la Vallée des gens heureux » : celle des Aït Bougmez. Aux pieds des géants M’Goun, Waougoulzat et Azourki s’étend une vallée fertile où le contraste entre aridité et le rouge de la montagne et prospérité et le vert des champs est saisissant. Empruntant une piste qui traverse ses nombreux villages j’ai l’occasion d’observer les hommes labourant les champs à l’aide de chevaux et de mules mais ce qui me surprend plus encore ce sont ces femmes qui sont regroupées aux abords de la rivière, de loin elles semblent discuter tout en frappant l’eau avec du bois, mais en y regardant de plus près elles font leur lessive. Des vêtements tous plus colorés les uns que les autres se retrouvent livrés à la chaleur du soleil sur des buissons avoisinant la rivière. Leurs muscles s’agitent pour frotter énergiquement le linge, minutieuses, elles traquent la moindre tâche et les éventuels touristes trop curieux s’approchant avec leurs appareils photos.

J’arrive enfin dans le village de Zawyat Oulmzi, le plus haut et reculé de la vallée, pour y passer un mois. Mais j’y pense, je ne me suis pas présentée ! Je m’appelle Anaïs, je suis étudiante en première année de Master Tourisme et Développement Durable des Territoire dans le sud de la France. J’effectue donc mon stage de fin d’année dans l’écolodge Touda et auprès de l’association « l’arbre du voyageur » qui œuvre pour le développement durable dans la vallée. Revenons à nos moutons, d’ailleurs des moutons il y en a beaucoup dans la vallée, ils servent notamment à nourrir ses habitants et également à fournir de la laine pour le tissage des fameux tapis berbères, réputés pour leur qualité et leur authenticité.

Une fois arrivée au village je fais la connaissance d’Ahmed, celui qui va me chapeauter pendant ce mois, ainsi que sa famille chez qui je vais loger. Quelle chance pour une touriste, un visiteur, une personne extérieure à la vallée, d’être en immersion complète dans une famille berbère du Haut Atlas, la famille Oubouya qui plus est, c’est la famille du chef du village et également de l’arracheur de dents de la vallée : Ali. Je découvre donc le lieu où je vais habiter et commence à établir un premier contact avec mes hôtes, pas facile la compréhension du berbère. Mais heureusement Ahmed parle un très bon français et me fait la traduction, je commence à écrire ce qui sera mon dictionnaire français-berbère.

Voilà déjà quelques jours que je m’accoutume de ce nouveau mode de vie. J’ai déjà appris à faire le tajine, à situer quelques sommets et à énumérer le nom des 27 villages de la vallée. Aujourd’hui nous partons en randonnée au lac Izourar, terre appréciée par les bergers qui amènent paitre leurs bêtes quand il y a de quoi manger. Le lac est situé à 2525m d’altitude, au pied du Djebel Azourki. Nous empruntons un sentier qui grimpe jusqu’à la ligne de crête et nous fait traverser une forêt de genévriers. Au bout d’une petite heure de marche nous croisons la neige dont la quantité augmente plus nous avançons. Arrivés au lac nous allons nous installer dans une cabane de berger pour pique-niquer, et pas de pique-nique berbère sans thé. Bien que nous soyons à 2500m rien ne manque : sucre, thé vert, bouteille de gaz, verre à thé. Ici les cabanes sont suréquipées.

La semaine je reste au village et je donne un coup de main à Fatma, la femme d’Ahmed : entretien de la maison, ramassage de l’armoise, tissage de tapis. Mais le week-end, lorsqu’il y a des clients, je monte à Touda qui, comme un nid d’aigle, est perché au-dessus du village. J’aide alors Nejma, la cuisinière et maitresse de maison, à préparer de délicieux mets pour nos visiteurs. En journée nous partons en randonnée et lorsque le soleil se couche l’ambiance se met à monter. Armés de leurs bendir (tambours en peau de chèvre) Ahmed, Brahim et Jma entonnent quelques chansons berbères, au rythme des percussions les touristes se joignent à la joyeuse ronde déjà formée par nos chanteurs berbères. Cette convivialité, ces sourires sur des visages si différents me fait bel et bien prendre conscience à quel point ce lieu est unique et propice à la rencontre et au partage.

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